NOËL, HABITER LA NUIT PAR L’ESPERANCE
Nous voici en chemin vers Noël ! Un chemin qui ne s’arrête pas d’ailleurs à la célébration de la naissance du Christ, les 24 et 25 décembre, mais qui, dans la tradition luthérienne, se poursuit par le temps de l’Epiphanie qui s’étend sur le mois de janvier.
Certes, Noël n’est plus pour tous la fête de la Nativité du Seigneur. Certes, la société de consommation, insatiable ogre qui dévore et qui défigure tout sur son passage, s’est aussi saisi de cette heureuse période : la lumière indique trop souvent les dernières offres promotionnelles, les livreurs mal payés et souvent exploités s’activent dans le froid, ceux qui n’ont pas ou plus les “moyens” sont tristement écartés des queues qui se forment auprès des commerçants, et les sans-abris risquent, une fois de plus, leur vie… En un sens, et il ne faudrait pas y être aveugle, les ténèbres s’épaississent à l’approche de Noël et nos lumières sont, pour beaucoup, plus violentes qu’apaisantes. C’est pourquoi, en allant vers Noël, nous devons toujours garder à l’esprit qu’en devenant homme, Dieu le Fils s’est révélé d’une façon toute particulière. En naissant dans une humble crèche, au sein d’une famille modeste qui ne pouvait offrir qu’une paire de pigeons et non un agneau au Temple, Jésus, quoique nourrisson, prêche déjà : il
oriente notre regard et le convertit. Une autre lumière est jetée sur notre ville et notre société par la venue du Fils de Dieu : c’est dans le plus petit, chez celui pour qui il n’y a jamais vraiment de place ou, en tous cas, jamais la place d’honneur, qu’il nous faut discerner l’écho de l’Incarnation de Notre Sauveur. Noël nous rappelle cette parole du Christ : “Quiconque vous accueille m’accueille” (Luc 10, 40). Puissions-nous rappeler, avec douceur et d’abord comme un appel que nous nous adressons à nous-mêmes, le sens de Noël dans l’effervescence qui grandit !
Mais, sachons voir aussi le signe qui demeure malgré tout au travers de tous les scintillements et de toutes les décorations qui fleurissent joyeusement autour de nous : alors que la nuit et le froid gagnent du terrain, les lumières s’allument et le rêve est permis. A chaque Noël, nous nous sentons comme autorisés à espérer un autre monde : c’est ainsi, car Noël est aussi la fête de la naissance de la foi en nous. “Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous … à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu” (Jean 1, 14 puis 12) Or la foi que Dieu donne, qui est toujours foi en Jésus-Christ, est éminemment paradoxale : alors que les ténèbres s’épaississent, la foi éveille en nous l’espérance. Non une espérance placée dans les hommes, ni même en un monde meilleur, mais l’espérance que Dieu visite à nouveau notre monde, notre ville, notre cœur. En fêtant la naissance du Christ, il y a deux mille ans, l’Église dit aussi : ce Jésus vient encore ! L’advenue du Fils de Dieu n’est pas uniquement un événement du passé : elle peut se faire actuelle pour nous. Et même, toute l’histoire des hommes sera percutée par une ultime venue du Christ et, alors, “Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur” (Apocalypse 21, 4) et “Il n’y aura plus de nuit ; et ils n’auront besoin ni de lampe ni de lumière, parce que le Seigneur Dieu les éclairera.” (Apocalypse 22, 5) Fêtons Noël et l’Epiphanie en habitant notre nuit de cette espérance qui ne trompe pas ! Joyeux Noël !
Pasteur Timothée Gestin