Edito du Pasteur – JUIN 2025

Nous vivons désormais, et de plus en plus, dans un monde de communication, de réseaux, d’annonces et d’éléments de langage. Dans un monde où des myriades de voix, cherchant tantôt à convaincre, tantôt à persuader et toujours à l’emporter, s’abîment dans une sorte de brouhaha incessant, espérant se hisser un court instant au-dessus de cette vague monstrueuse de paroles, chacun cherche l’image la plus frappante, la formule la plus choquante, le sujet le plus clivant…
De sorte que, chaque jour, des centaines et des centaines de prises de paroles, de déclarations, de vidéos, de petites phrases nous donnent l’assaut et nous pressent de toute part.
 
Certains parviennent à trouver quelques retraites, d’autres cèdent sous la pression et, parfois, sombrent dans le stress puis l’angoisse ou bien dans la dépendance, ne sachant plus vivre hors des écrans, des clashs, du bruit. Le silence, aujourd’hui, effraie plus qu’il ne repose. Et pourtant, tous le réclament. Notre vacarme écrase souvent la Parole que Dieu nous adresse dans un « murmure doux et léger ». L’absence de Dieu, si souvent ressentie, tient aussi à cela : c’est la tragédie de la « parole humiliée » (J. Ellul), celle de Dieu et celles des hommes.
 
Dans ce monde, nous allons fêter la Pentecôte. Et voici que Dieu nous fait grâce car, à la Pentecôte, Dieu fait surgir un vacarme plus grand que nos éclats de voix. Dans le brouhaha du pèlerinage et de la foule qui se presse à Jérusalem, au-dessus des langues étrangères les unes aux autres qui s’entrechoquent dans la masse polyglotte, tout à coup, dans ce magma d’incompréhensions, de chaleurs, de fatigues et d’exaltations, « chacun » entendit « parler dans sa propre langue » (Actes 2, 6).
 
Et voici une bonne confusion qui surgit : on s’étonne, on s’interroge, on veut même ramener cette parole nouvelle au bruit ambiant (« Ils sont pleins de vin doux » Actes 2, 13), et puis l’on cède car cette parole est tout autre. Au lieu d’ajouter la crainte aux craintes, le stress aux stress, l’angoisse aux angoisses, cette Parole nouvelle porte « les merveilles de Dieu » (Actes 2, 11). Et non pas la splendeur écrasante de Dieu dans sa majesté insondable mais la merveille d’un Dieu-fait-homme, d’un Dieu-avec-nous. Tout ceci dit dans la langue du cœur, dans la langue qui parle, dans la langue maternelle : car Dieu, par sa Parole, nous met au monde comme une nourrice et nomme des choses nouvelles, nous livre une grammaire nouvelle, un lexique nouveau qui déclinent l’Évangile au cœur du tohu-bohu du monde. C’est une nouvelle création par la Parole.
 
A la Pentecôte, sur l’abîme des voix tumultueuses des hommes, l’Esprit se meut (Genèse 1), il passe et dépose en chacun la Parole de la vie. Il montre Jésus-Christ qui est monté sur la Croix, dans le vacarme des quolibets, des moqueries et de la haine, au-dessus de tous ; pour nous sauver et pour réconcilier toutes choses (Éphésiens 1, 21). Et l’Esprit fiche dans notre cœur l’amour de Dieu (Romains 5, 5), accorde la paix qui vient d’en-haut et se fait puissance de témoignage en nous. Ainsi naît l’Église : l’oasis de paix dans le tumulte du monde, où l’on entend les merveilles de Dieu. Une paroisse n’est rien d’autres qu’un des puits de cet oasis. C’est ce que nous sommes, grâce à Dieu. Viens Saint-Esprit de Dieu sur ton Église !
 
Pasteur Timothée Gestin

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